Up and down but Mississippi
« Je descends du Greyhounds bus.
L’envie de demander au chauffeur s’il ne s’est pas trompé.
J’y suis ! Au milieu de nulle part.
Je monte dans le seul taxi du bled.
Comment son tacot roule- t-il encore ?
20$ pour le « ride » de cinq minutes et un arrêt pour acheter de la Bud.
Un Motel pour la nuit, de la merde qui remonte de la cuvette, les plombs qui sautent après avoir branché mon portable.
Bienvenue dans le Mississippi.
Je pousse la porte des bars, celui du dernier Juke Joint de l’état.
Je sais pourquoi je suis là.
Je ne voudrais être nulle part ailleurs.
Ce charme, ces couleurs, cette réalité qui me frappe de plein fouet.
Ces sons de guitares authentiques.
Ces sourires édentés.
Cette musique.
Ce blues.
Cette tendresse dans certains regards, avec l’angoisse de faire un pas du mauvais côté, là derrière la ligne de chemin de fer, là où le danger guette.
D’être confronté à un homme se revendiquant redneck, qui te bouscule, qui te demande pourquoi tu parles à ce noir.
Je voudrais qu’il s’étouffe dans son drapeau confédéré.
Ce magnifique musicien devant toi qui, corps et âme, joue à l’infini. Lui qui, payé aux pourboires, devient « uber driver » au petit matin, pour survivre.
… et de me revoir, souriant à tous ces hommes les imaginant jouant du blues. »
Exposition à la Grande Barre (CPAS)
Rue de la Siroperie, 7 (troisième étage) à 4630 Soumagne